La Confédération a présenté sa nouvelle stratégie de nutrition 2025-2032. Celle-ci vise à réduire le risque de maladies non transmissibles telles que le diabète de type 2 ou les affections cardiovasculaires, tout en diminuant l’empreinte écologique de l’alimentation. La promotion de l’alimentation végétale constitue un champ d’action central à cet effet.
Objectif de la stratégie de nutrition
Avec la nouvelle stratégie de nutrition 2025-2032, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) compte permettre à toutes les personnes vivant en Suisse d’adopter une alimentation saine et durable. La stratégie regroupe diverses mesures allant de l’éducation aux conditions-cadres politiques en passant par la recherche.1
Concrètement, il s'agit de :
- réduire le risque de maladies non transmissibles ;
- tenir compte des objectifs environnementaux et climatiques ;
- renforcer la collaboration entre les acteurs politiques, économiques et les organisations de la société civile.
L’un des six objectifs consiste à promouvoir l’alimentation à base de plantes – c’est d’ailleurs la toute première fois que celle-ci est explicitement citée comme un champ d’action. La forme que prendront les mesures concrètes à cet effet n’a pas encore été déterminée. Le plan d’action correspondant devrait être publié fin 2025.
Pourquoi miser sur le végétal ?
L’enquête nationale sur l’alimentation montre que la population suisse ne se nourrit pas de manière équilibrée : elle consomme trop de viande et de graisses animales, et pas assez de fruits, de légumes, de bonnes graisses végétales, de noix, de graines et de légumineuses.2 C’est pourquoi la Confédération met aujourd’hui l’accent sur l’alimentation végétale. En témoignent également les nouvelles recommandations nutritionnelles de 2024, élaborées en collaboration avec la Société Suisse de Nutrition (SSN), qui octroient une place plus importante aux sources de protéines végétales.3 La Suisse suit ainsi la tendance internationale consistant à intégrer des aspects écologiques dans les recommandations nutritionnelles.
Des études internationales ont révélé que l’alimentation végétale jouait un rôle central pour améliorer l’état de santé de la population tout en réduisant son impact sur l’environnement. Le Planetary Health Diet de la commission EAT-Lancet montre de façon exemplaire comment une alimentation être conçue pour promouvoir la santé humaine tout en respectant les limites de la planète. Ce régime préconise de réduire considérablement la consommation de viande et d’autres produits d’origine animale – et met l’accent sur les légumineuses, les légumes, les fruits, les noix et les produits à base de céréales complètes, conformément aux recommandations nutritionnelles actuelles de la Confédération suisse.4
Politique agricole, gaspillage alimentaire et éducation
Un élément important de la stratégie est le lien annoncé avec la politique agricole. La culture accrue de sources de protéines végétales en Suisse, telles que le soja, le lupin, les pois et les lentilles, présente un grand potentiel. Une évolution en ce sens serait également favorable à la souveraineté alimentaire ; c’est d’ailleurs l’un des arguments de l’initiative « Pour une alimentation sûre ». Swissveg soutient expressément cette revendication, ainsi que l’initiative dans son ensemble.
À ce jour, la politique agricole est fortement axée sur l’élevage : plusieurs millions de francs d'impôts par an sont par exemple consacrés à la publicité pour la viande, et la stratégie climatique a toujours négligé d’inclure une alimentation végétale respectueuse du climat.5 Swissveg a déjà abordé cette problématique dans le cadre de deux pétitions : « Halte au subventionnement de la publicité pour la viande » (en allemand) et « Cessons les contradictions – halte au soutien politique accordé aux produits d'origine animale ! ».
La stratégie évoque également le thème du gaspillage alimentaire. Ce problème se pose en particulier pour les produits d'origine animale comme la viande, le lait ou les œufs, qui représentent un gaspillage de ressources colossal – comme l’a souligné Swissveg avec sa campagne « Plus de nourriture, moins de gaspillage ». En outre, la stratégie relève l’importance de renforcer les compétences nutritionnelles de la population – un domaine dans lequel Swissveg s’engage depuis de nombreuses années en effectuant un travail de sensibilisation, en lançant des initiatives politiques et des pétitions, et en facilitant l’identification des produits végétariens et véganes avec le V-Label. Autant de mesures qui rendent l’alimentation végétale accessible, tangible et conciliable avec le quotidien des consommatrices et des consommateurs.
Le végétal, clé de la transition alimentaire
La nouvelle stratégie de nutrition va dans la bonne direction. La question décisive sera toutefois de savoir si le plan d’action 2025 prévoit effectivement des mesures efficaces, notamment pour la promotion des alternatives végétales. Dans un contexte politique traditionnellement très axé sur l’élevage, des mesures courageuses et un engagement clair en faveur d’un virage alimentaire sont nécessaires.
Une alimentation largement basée sur les produits d’origine animale augmente le risque de maladies chroniques, provoque une pollution environnementale disproportionnée et implique de grandes souffrances pour les animaux. En revanche, une alimentation végétale permet non seulement de réduire le risque de maladie et l’empreinte écologique, mais aussi d’éviter la souffrance et la mort d’innombrables animaux. Voilà pourquoi l’alimentation végétale est la clé d’un avenir viable – pour les animaux, l'environnement et la santé.
- Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires OSAV. (2025). Stratégie suisse de nutrition. www.blv.admin.ch/blv/fr/home/das-blv/strategien/schweizer-ernaehrungsstrategie.html
- Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires OSAV. (2024). Consommation alimentaire en Suisse. www.blv.admin.ch/blv/fr/home/lebensmittel-und-ernaehrung/ernaehrung/menuCH/menuch-lebensmittelkonsum-schweiz.html
- Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires OSAV. (2024). Alimentation saine et durable : la Confédération actualise ses recommandations nutritionnelles. www.news.admin.ch/fr/nsb?id=102396
- Willett, W., Rockström, J., Loken, B., Springmann, M., Lang, T., Vermeulen, S., Garnett, T., Tilman, D., DeClerck, F., Wood, A., Jonell, M., Clark, M., Gordon, L. J., Fanzo, J., Hawkes, C., Zurayk, R., Rivera, J. A., De Vries, W., Sibanda, L. M., . . . Murray, C. J. L. (2019). Food in the Anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. The Lancet, 393(10170), 447–492. doi.org/10.1016/s0140-6736(18)31788-4
- Proviande. (2023). Finances. www.proviande.ch/fr/a-propos-de-nous/rapport-annuel-2021/finances