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Résorber le diabète (de type 2) par la fourchette et le couteau

Nous reproduisons ci-dessous une version en français de l’exposé que le docteur Diehl a donné au 7e Congrès végétarien européen à Widnau, en Suisse, en juillet 1999. Ce texte se base sur un enregistrement sur bande, le docteur Diehl n’utilisant pas de script pour ses conférences ! C’est pourquoi ce texte, vivant, enthousiaste et convivial, ne revêt pas la forme rigoureuse conventionnelle d’un texte écrit.  
Merci d’en tenir compte lorsque vous en prendrez connaissance ci-dessous. Il nous reste à vous souhaiter bonne lecture !

Il fut un temps où le diagnostic du diabète correspondait à une condamnation à mort. Il était synonyme de complications, de difficultés et de nombreux symptômes. Mais les temps ont changé. Aujourd’hui, le diabète peut être désarmé et résorbé. L’excès de sucre dans le sang peut être réduit et les diabétiques peuvent, dans la plupart des cas, se passer d’injections d’insuline et de médicaments. Le traitement du diabète est en pleine transformation. C’est une bonne nouvelle, car la seule chose que toutes les personnes concernées doivent faire, c’est modifier leur style de vie et je vais vous indiquer quelques pistes. Voici une série de statistiques en provenance des Etats-Unis, comparables toutes proportions gardées à celles d’autres sociétés occidentales. Dans la plupart des pays industrialisés, un diabétique sur deux ignore qu’il est atteint de la maladie, car il n’a pas encore été diagnostiqué. Parmi celles et ceux qui savent qu’ils souffrent du diabète, un tiers s’injecte de l’insuline, un tiers prend des médicaments et le dernier tiers suit un régime généralement riche en protéines.

Il y a environ 135 millions de diabétiques dans le monde et ce chiffre tend à augmenter fortement. 
Ärzte Zeitung, 15.11.1999

Le diabète nous inquiète beaucoup, car il constitue souvent un facteur aggravant pour d’autres maux tels que l’athérosclérose, les maladies cardiaques et de nombreuses autres pathologies. Nous savons que 80 % des diabétiques décèdent des suites de l’athérosclérose. Il est crucial que ces personnes contrôlent leurs facteurs de risque, car le diabète est intimement lié à cette maladie. Il provoque des maladies cardiaques, des AVC et des insuffisances rénales. Le nombre de personnes souffrant de problèmes rénaux est 18 fois plus élevés parmi les diabétiques que dans le reste de la population. Le diabète est la cause la plus fréquente de cécité et d’incontinence. Outre l’impuissance, il entraîne parfois l’amputation d’un pied. Notez que le nombre des personnes touchées par le diabète a augmenté de 700 % aux États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale. Cela est principalement dû à la prise de poids. La progression du taux de morbidité a doublé tous les 15 ans : aujourd’hui, un nouveau-né a une espérance de vie d’environ 70 ans et un risque sur cinq de contracter le diabète. L’institut national de la santé concède : « Nous n’avons aucun traitement médical. » En revanche, nous avons la possibilité de changer notre mode de vie.

Qu’est-ce que le diabète ?

Très succinctement : examinons le pancréas d’une personne en bonne santé. Le pancréas produit de l’insuline. Celle-ci a pour mission d’ouvrir chacune de nos cellules de façon à ce que le sucre présent dans le sang puisse y pénétrer, autrement dit aller là où on a besoin de lui. En effet, le corps a besoin de glucose. C’est notre carburant, notre benzine à nous. L’insuline lui ouvre le passage vers les cellules. Tout se passe comme si quelqu’un appuyait sur le bouton « ouverture des portes ». L’insuline fait alors son travail de portier et le glucose peut entrer pour nourrir la cellule. Je récapitule : le pancréas fabrique l’insuline, dont la tâche consiste à permettre au glucose de pénétrer dans les cellules. Ce faisant, le glucose quitte le flux sanguin et disparaît dans les cellules. Une affaire qui roule.

Il existe deux types de diabète.

Dans les pays occidentaux, environ 5 % des personnes diabétiques souffrent du diabète de type I, aussi appelé diabète inné. Les 95 % restant sont touchées par le diabète de type II, communément appelé diabète de l’âge mûr ou acquis. Il apparaît généralement vers l’âge de 40 ans. De corpulence très mince, les personnes ayant le diabète de type I sont certes pourvues d’un pancréas, mais celui-ci ne produit pas d’insuline. Il en découle que le glucose s’accumule dans le sang, en dehors des cellules, alors que les cellules crient famine. Ces diabétiques-là doivent s’injecter de l’insuline à vie. 

Aujourd’hui, il sera question principalement du diabète de type II, qui concerne, je le rappelle, 95 % des cas de diabète. À l’opposé de ce qui se produit pour le diabète de type I, le pancréas est hyperactif. Comme vous pouvez le constater, cette personne est en surpoids. Nous avons donc affaire ici à un Américain corpulent. Son pancréas n’arrête pas de produire de l’insuline pour couvrir ses besoins, mais la majeure partie du glucose ne parvient pas jusqu’aux cellules. Comment un diabète peut-il apparaître face à un surplus d’insuline ? L’insuline est certes produite en grande quantité, mais elle est défectueuse. Incapable d’ouvrir le passage vers les cellules, elle est pour ainsi dire inactive et le sucre reste dans le sang. Il s’ensuit que la personne à glycémie élevée a toujours faim et soif. Après un certain nombre d’années, le pancréas s’atrophie avant de stopper complètement la fabrication d’insuline. Ainsi, le diabétique passe du type II au type I. 

Je ne m’attarderai pas sur le diabète de type I, puisqu’il est très rare, à l’inverse du type II. Rampant, celui-ci touche avant tout des personnes de plus de 40 ans. Pourquoi le diabète est-il si répandu ? Quelle en est l’origine ? Durant de nombreuses années, le traitement consistait en un régime strict auquel les personnes diabétiques devaient impérativement se tenir. Le régime préconisé comportait une grande part de graisse, car l’on croyait alors le métabolisme de la personne diabétique incapable de traiter les hydrates de carbone et le sucre. L’on ne faisait jamais de distinction entre les hydrates de carbone simples (= les sucres) et les hydrates de carbone complexes (= l’amidon). Or, ces derniers ont une structure totalement différente, surtout lorsque l’amidon n’est pas transformé, et les fibres ralentissent l’absorption des molécules complexes. Cette particularité étant longtemps restée ignorée, nous en avons tiré la conclusion suivante : une personne diabétique a du sucre dans le sang, car elle est incapable de le traiter. Il suffit donc qu’elle n’en consomme pas pour que tout aille bien. Ce fut une erreur monumentale. Ainsi les personnes incapables de traiter le sucre se voyaient-elles recommander un régime à base de graisse et de protéines pour tout traitement. Au début du siècle, l’alimentation des personnes diabétiques était constituée à 70 % de graisse et elle entraînait le décès des suites d’une l’athérosclérose ou d’une maladie cardiovasculaire. Dès les années 1950, la part de graisse a été revue à la baisse (40-35 %). Aujourd’hui, les recommandations sont plutôt de de ne pas dépasser les 30 %. Dans le programme que nous menons aux États-Unis et qui a conduit à la résorption du diabète, un diabétique sur deux a fini par pouvoir se passer d’insuline après quatre semaines. 

Le régime, par ailleurs végétarien, que nous préconisons inclut 15 % de graisse et se compose uniquement d’aliments non raffinés et non transformés. À titre de comparaison, le régime recommandé aux USA par l’institut national de la santé implique 30 % de graisse et 20 % de protéines, ce qui correspond à un régime hyperprotéiné. Les diabétiques sont ainsi invités à consommer davantage de volaille, de poisson et de viande de bœuf maigre. En ce qui nous concerne, nous avons composé un régime riche en hydrates de carbone complexes (plus de 70 %), comme il est de rigueur en Chine ou dans la plupart des pays qui n’ont pas encore été abreuvés de campagnes marketing. L’union américaine des malades du diabète a revu sa position pour ce qui est du sucre et affirme que l’évitement du sucre ne se justifie pas d’un point de vue scientifique. Il va de soi que nous n’incitons pas pour autant les gens à manger du sucre sous prétexte que cela ne poserait aucun problème. En revanche, nous devons totalement changer notre mode de pensée. 

J’en profite pour évoquer une autre approche pour comprendre le diabète. Le véritable allié de cette maladie, c’est l’énorme part de graisse que comporte l’alimentation occidentale. Les graisses fournissent 40 % des calories que nous absorbons, contre 5 à 15 % dans un régime alimentaire plus naturel. Nous consommons donc trois fois plus de graisse que nécessaire. Il suffit de soumettre des étudiants en médecine à un régime riche en graisse durant une semaine pour que la moitié d’entre eux devienne diabétique. Sept jours suffisent. C’est ce qu’une étude a démontré en 1927, puis en 1964. Le résultat a été identique à chaque fois que l’on a reproduit l’expérience. Si aujourd’hui je demandais à mes étudiants en médecine de manger autant de graisse qu’ils le souhaitent, j’aurais de fortes chances d’avoir 70 % de diabétiques parmi eux après une semaine. De même, si je leur donnais chaque jour 500 g de sucre, mais très peu de graisse, pendant une semaine, deux semaines ou dix semaines, je n’aurais pas un seul diabétique supplémentaire.

Nous devons changer de mode de pensée. Nous le savons depuis longtemps.

Voici le docteur James Anderson. Il a mis sur pied une expérience semblable à la nôtre. Il a remis aux participantes et aux participants un demi-kilo de sucre chaque jour, mais pas de graisse. Résultat : pas de diabète, même pas après 11, 12 ou 13 semaines. Malgré tout ce sucre.

À l’inverse, il a recruté des étudiants pour suivre un régime comportant une forte proportion de graisse. Il n’a eu aucun mal à recruter des volontaires, puisqu’ils avaient à disposition de la nourriture riche en graisse gratuitement et qu’ils pouvaient se rendre au fast food aussi souvent qu’ils le souhaitaient. Après une semaine, l’expérience a été interrompue, car certains étudiants présentaient les symptômes du diabète.

Les conclusions de la grande étude adventiste menée sur un panel de 30 000 personnes vont dans le même sens : le groupe des personnes végétariennes présentait la part de diabétiques la plus infime. À l’inverse, on a recensé quatre fois plus de diabétiques chez les non-végétariens. Ce résultat corrobore celui des études sur la graisse, puisque la viande en contient beaucoup. Ces 20 à 30 prochaines années, nous constaterons une augmentation massive de cas de diabète dans le monde, car le mode de vie occidental se répand.

En 1933, à Montréal, le docteur Rabinowitch a documenté la lutte contre le diabète. Comment s’y est-il pris ? En soumettant les gens à un régime végétarien simple et pauvre en graisse. En 1955, le docteur Inder Singh a reproduit cette expérience avec une alimentation végétarienne non transformée comprenant une part de graisse ne dépassant pas 11 %. Parmi les participants à l’étude, 80 souffraient d’un diabète impliquant la prise d’insuline. Après six semaines, 50 d’entre eux pouvaient se passer d’insuline. Et cela ne s’arrête pas là. Un régime pauvre en graisse permet donc de réactiver la production d’insuline et de guérir la plupart des cas de diabète en quelques semaines.

Je suis directeur du Lifestyle Medicine Institute à Loma Linda, en Californie. Nous y avons découvert que 85 % des patients soumis à un régime végétarien pauvre en graisse pouvaient arrêter de prendre des médicaments après quatre semaines, puisque leur taux de sucre dans le sang s’était normalisé. Autrement dit, ils n’étaient plus diabétiques. Une personne sur deux souffrant de diabète de type II a pu arrêter les injections d’insuline après quatre semaines. Je n’en croyais pas mes yeux et j’ai changé mon approche du tout au tout. Laissez-moi vous présenter une dernière étude, soutenue et publiée par l’organisation « Physicians Committee for Rensponsible Medicine » (PCRM). Ce groupement soutient notre programme communal portant sur trois à cinq mille personnes.

Suite à ces expériences, nous avons transformé toute la ville : les restaurants, l’attitude des médecins et la société. Actuellement, l’objectif d’un petit groupe de Washington, celui-là même qui suit un régime végétarien (10 % de protéines, 10 % de graisse, forte proportion d’amidon, sucre en petites quantités, pas de cholestérol, aliments non transformés, taux de fibres élevé) est d’induire un changement culturel. Tout cela va à l’encontre des recommandations données par l’American Dietetic Association, qui préconise une part de protéines presque multipliée par deux, trois fois plus de graisse et seulement 42 % des calories sous forme d’hydrates de carbone, ce qui à l’époque était conseillé à tous les diabétiques aux États-Unis. Ceux-ci se voyaient prescrire davantage de volaille, de poisson et de viande de veau maigre, autrement dit une part relativement importante de protéines, mais aussi pas mal de cholestérol et toujours très peu de fibres.

Quels résultats avons-nous obtenu ? Notre groupe atteignait des valeurs de glycémie inférieure de 59 % au régime traditionnellement prescrit aux diabétiques. La consommation de médicaments a drastiquement diminué, au même titre que les taux de cholestérol, comme dans tout régime végétarien, ainsi que le poids (moins huit kilos au lieu de quatre avec le régime classique des diabétiques). Le végétarisme est formidable : vous mangez davantage tout en perdant du poids. Il importe toutefois de choisir les aliments avec soin. Il y a en effet une grosse différence entre le régime végétarien en général et un régime végétarien sain. Je plaide pour une alimentation simple, composée d’aliments non transformés, sans sucres, huiles ou graisses ajoutés. Il s’ensuit une amélioration nette de la fonction rénale, ce qui est essentiel puisque les maladies rénales sont les principales comorbidités (risque multiplié par 18) dont souffrent les personnes diabétiques. Dans notre étude, le régime préconisé a permis non seulement de résorber le diabète dans la plupart des cas, mais aussi de rétablir la fonction rénale et de faire disparaître les pathologies rénales.

J’en arrive au terme de ma présentation. Le débat autour du traitement du diabète, s’est désormais déporté : il ne se tient plus entre scientifiques, mais au niveau politique. La donnée du problème est connue depuis les années 1920. À ce moment-là, les choses étaient claires et nous savions ce que nous devions faire. Or, la médecine ne s’est pas contentée d’évoluer progressivement. Elle est devenue un facteur économique et il faut maintenant surtout mener des campagnes d’information. Aujourd’hui, nos facultés de médecine ne disposent d’aucun plan d’études en diététique. Nous avons du pain sur la planche face à un système très rigide. Cependant, nous avons un accord de collaboration avec des collègues. Condamner la situation ne sert à rien. Il faut produire une étincelle. L’éminent diabétologue, le professeur James Anderson, affirme que 50 à 75 % des diabétiques de type II qui dépendent d’injections d’insuline et 80 à 90 % des patients qui avalent des pilules pourraient améliorer leurs valeurs sanguines en l’espace de quelques semaines et se passer de traitement médicamenteux en changeant d’alimentation.

Les changements dont il est question sont : manger les aliments tels qu’ils ont poussé. C’est simple, efficace, économique, délicieux et cela procure du plaisir. Or, plein de gens viennent vers nous en disant : « Je n’en savais rien. Personne ne m’a prescrit le bon régime. » Voilà où réside le problème de nos jours. Nous sommes toujours nombreux à ordonner des régimes comprenant trop de protéines et trop de graisse tout simplement parce que nous pensons que les diabétiques ne sont pas à même de traiter les hydrates de carbone complexes. L’alimentation peut venir à bout de beaucoup de maladies lorsqu’elle est bien menée, et le diabète ne fait pas exception. En commençant tôt, il est assurément possible d’éviter cette terrible maladie qui a tant de graves conséquences au plan clinique. Les réponses à une maladie difficile à traiter sont souvent simples. Il est plus difficile, par contre, de convaincre les personnes qui sont à l’origine des traitements et les patients eux-mêmes. Pour inciter au changement, motiver et inspirer ces personnes, il faut une bonne dose de bienveillance, d’attention et de patience.

C’est là que réside le défi : comme cela a été si joliment présenté dans l’exposé précédent, il faut « donner l’exemple » ! Avoir un mode de vie sain est le meilleur moyen d’entrer dans un nouveau millénaire radieux.

Docteur Hans Diehl

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