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12.09.2022 | Vivian

Dans le cadre de notre campagne actuelle « La politique suisse et ses contradictions », nous en avons déjà mis en lumière trois : « Santé vs promotion des aliments carnés », « Dignité des animaux vs rentabilité » et « Climat vs aliments d'origine animale ». Par le biais de notre pétition « Cessons les contradictions : halte au soutien politique accordé aux produits d'origine animale ! », nous demandons à ce que la Suisse, en vue d'atteindre ses propres objectifs climatiques, cesse de promouvoir des modes d'alimentation qui nuisent au climat. Dans ce billet, nous examinons une autre contradiction : subventionnement vs coûts réels.

Les coûts engendrés par la production de produits d'origine animale dépassent de loin ceux des aliments d'origine végétale. Néanmoins, la Confédération investit des sommes disproportionnées pour assurer la promotion de leur fabrication.

 

Pourquoi l'agriculture a-t-elle besoin d'un tel soutien financier ?

Pour le comprendre, remontons aux origines de la politique de subventionnement actuelle. Après une première guerre mondiale, la Suisse a dû faire face à une pénurie alimentaire. Le désir d'atteindre un haut degré d'autosuffisance s'est alors fait jour. C'est pourquoi la Suisse s'est dotée d'une ordonnance sur les céréales en 1929, qui avait pour but de favoriser la production indigène, notamment grâce à des prix garantis. Autrement dit, la Confédération achetait les céréales aux agriculteurs à un prix prédéfini. Depuis, comme nous allons le montrer ici, l'aide financière n'est plus fournie pour des produits en particulier, mais pour les prestations des exploitations agricoles. L'article 104 de la Constitution fédérale décrit ce que l'on attend de l'agriculture. Les détails de l'application sont réglés dans la loi sur l'agriculture et une série d'ordonnances.

À quelle fin l'argent est-il dépensé ?

Les moyens financiers que la Confédération affecte à l'agriculture sont répartis en trois enveloppes financières : « Production et ventes », « Paiements directs » et « Amélioration des bases de production et mesures sociales ». En 2020, le budget agricole s'élevait à environ 3,7 milliards de francs, dont trois quarts (2,8 milliards de francs) dévolus aux paiements directs. La promotion de la production et des ventes s'est vu allouer 541 millions de francs, tandis que 132 millions de francs ont été consacrés à l'amélioration des bases de production et aux mesures sociales (Rapport agricole 2021, p. 202 et suivantes). À en croire la comparaison entre pays de l'OCDE, la Suisse fait partie, avec l'Islande, la Norvège et la Corée du Sud, des pays qui redirigent le plus d'argent des consommateurs et des contribuables vers l'agriculture dans le monde.

Combien d'argent est-il investit dans la production de produits d'origine animale et combien dans la fabrication de produits végétaux ?

Deux cas particuliers révèlent à quel point la part dévolue aux produits d'origine animale est disproportionnée. En 2020, par exemple, plus de 222 millions de francs ont été versés à l'industrie laitière sous forme d'allocations au titre de la seule promotion de la production et des ventes, c'est-à-dire 15 centimes par kilo de lait transformé en fromage et 3 centimes par kilo d'affouragement sans ensilage. Depuis 2019, 150 millions de francs ont en outre été alloués aux producteurs de lait commercialisé. À cela s'ajoutent près de 3 millions de francs pour l'administration des données relatives au lait ainsi que pour des moyens informatiques (Rapport agricole 2021, p. 208).

Outre les paiements susmentionnés, la Confédération soutient, dans le cadre de la promotion de la production et des ventes également, des mesures de marketing et de communication en faveur de la vente de produits agricoles suisses. La Confédération prend en charge la moitié des coûts de ces mesures. Le reste doit être pris en charge par les associations ou par les organisations sectorielles elles-mêmes. En d'autres termes, plus il y a d'argent disponible, plus l'aide financière de la Confédération est importante. Cela semble illogique ? C'est le cas. Ainsi, un coup d'œil à la répartition des moyens en 2020 montre que 38 % des 65 millions de francs ont été dépensés pour le fromage, 14 % pour le lait et le beurre, et 9 % pour la viande. Les légumes se sont vu allouer 1 %, les champignons 0, les fruits 3 %, les céréales 3 %, les pommes de terre 1 % (Rapport agricole 2021, p. 228 et suivantes). En matière de subventions, les produits d'origine animale se taillent donc la part du lion en comparaison avec les produits végétaux.

C'est ce que montre également un rapport publié en septembre 2020 par l'association Vision agriculture sur les coûts et le financement de l'agriculture. Les auteurs ont étudié la répartition des coûts économiques totaux de la production alimentaire entre produits d'origine animale et produits d'origine végétale. Ils sont parvenus au résultat suivant : sur un total de 13,7 milliards de francs générés par la production alimentaire en 2018, 71 % des coûts étaient imputables à la production de produits d'origine animale (y compris la production d'aliments pour animaux) et 29 % à la production de produits d'origine végétale (rapport Coût et financement de l'agriculture 2020, p. 12).

 

Coût de la production végétale et de la production animale

Illustration 1 : Les coûts de l'élevage dépassent de loin ceux de la production végétale. Cependant, contrairement aux coûts de la production végétale, ils sont principalement supportés par les contribuables et la collectivité plutôt que par les consommateurs et les acteurs économiques qui en sont à l'origine. Source du graphique : Vision Agriculture.

Où se situe le problème ?

Dans son rapport, l'association Vision Agriculture analyse en outre la ventilation des coûts entre les consommateurs, les contribuables et la collectivité. Les auteurs en arrivent à la conclusion que les consommateurs ont payé deux tiers des coûts de la production d'aliments d'origine végétale et à peine la moitié des coûts engendrés par la production de produits d'origine animale. Sur les 2,8 milliards de francs de rentrées fiscales reversés à la production alimentaire, 82 % ont été alloués à la production de produits d'origine animale et 18 % seulement ont bénéficié à la production de produits d'origine végétale. Cela signifie que plus de quatre cinquièmes de l'aide publique sont consacrés à la production de produits d'origine animale. Sur les 3,6 milliards de francs qui doivent être supportés par la collectivité, 76 % sont imputables à la production de produits d'origine animale, et 24 % à la production de produits d'origine végétale (rapport Coût et financement de l'agriculture 2020, p. 12). Dans un système équitable, les coûts devraient être pris en charge par celui qui en est à l'origine.

Comment se fait-il que quatre cinquièmes de l'argent des contribuables sont alloués à la production de produits d'origine animale si la viande est l'aliment le plus polluant, qu'elle est néfaste pour notre santé et qu'elle engendre des souffrances animales massives ? Cela n'a aucun sens ! Signez donc sans attendre notre pétition « Cessons les contradictions : halte au soutien politique accordé aux produits d'origine animale ! »

 

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