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12.01.2023 | Vivian

On recommande souvent de privilégier les aliments locaux afin de réduire l'impact de notre alimentation sur l'environnement. Ce que l'on ignore toutefois la plupart du temps, c'est que le type d'alimentation constitue un levier bien plus puissant dans nos efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre que la provenance des aliments.

Les prairies des Alpes suisses sont aussi vertes qu'au printemps et des records de chaleur sont battus dans d'innombrables pays d'Europe : le changement climatique est plus tangible que jamais. Le rôle direct que joue notre alimentation sur le changement climatique ne fait désormais plus aucun doute. En effet, près d'un quart des émissions de gaz à effet de serre du monde sont dues à la production alimentaire1. Dès lors, les recommandations sur la manière de réduire l'impact de notre alimentation sur l'environnement se multiplient à tel point qu'il est difficile de savoir ce qu'il faut changer dans notre alimentation pour obtenir le meilleur résultat.

Local ou végétal, telle est la question

Deux des injonctions les plus répandues dans le cadre d'une alimentation plus respectueuse du climat sont d'augmenter la part de végétaux d'une part et de privilégier les aliments de production locale d'autre part. Lorsqu'il s'agit de déterminer laquelle des deux démarches est la plus efficace, les choses se corsent. C'est ce que révèle une enquête réalisée par l'institut d'études de marché et de la société Ipsos. Trois cinquièmes des personnes interrogées dans plus de 30 pays ont estimé qu'une alimentation composée de produits locaux (viande et produits laitiers compris) permettait de réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre qu'une alimentation végétale comprenant des aliments importés. En réalité, une alimentation végétale est bien plus respectueuse du climat. Les sondés suisses n'étaient pas mieux renseignés : 73% d'entre eux (16% de plus que la moyenne globale) ont misé sur l'alimentation locale. Seuls les participantes et les participants d'Inde ont opté pour le type d'alimentation sans viande2.

Diagramm mit Umfragewerten zu Klimaeffekten verschiedener Ernährungsweisen

 

Est-ce plus efficace de manger local ou végétal pour préserver le climat? Résultats d’une enquête menée dans 30 pays. Source: Ipsos.

Le transport n'a qu'une influence minime

Dans le contexte de la production alimentaire et pour la plupart des produits, le transport n'est en réalité responsable que d'une part négligeable, moins de 10%, des émissions de gaz à effet de serre1. Selon Hannah Ritchie, recommander une alimentation locale pour réduire sa propre empreinte écologique est donc « l'un des conseils les plus malvenus qui soient » en matière d'alimentation respectueuse du climat3. En revanche, il serait bien plus utile de réduire la consommation d'aliments d'origine animale, car leur production occasionne à elle seule près de la moitié de toutes les émissions liées à ce secteur1. L'élevage, en particulier, monopolise de grandes surfaces agricoles et les animaux eux-mêmes émettent de grandes quantités de CO2 ainsi que d'autres gaz à effet de serre comme le méthane et le protoxyde d'azote, qui ont un effet d'accélérateur sur le changement climatique. Si l'on considère la viande de bœuf, le transport ne représente qu'environ 0,5% des émissions, même si elle provient d'un pays producteur aussi lointain que l'Amérique du Sud3.

Foto von pflanzlichen Lebensmitteln

Les aliments 100% végétaux – même importés – sont particulièrement respectueux du climat.


Les quantités de gaz à effet de serre émises par les différents aliments peuvent être mises en relation avec l'ensemble des aliments consommés par un individu. En UE, les émissions dues au transport ne représentent en moyenne que 6% des gaz à effet de serre contre 83% à mettre sur le compte des produits d'origine animale4. Il va de soi qu'il vaut toujours la peine de veiller à n'acheter que des denrées alimentaires de saison et de proximité. Mais fondamentalement, ce que nous mangeons est bien plus important en termes de nuisances climatiques que la provenance. Les aliments transportés par avion constituent une exception. Comparée à la voie maritime, la voie aérienne multiplie les émissions par 50. Il s'agit généralement de produits périssables venant de très loin. Pour résumer, privilégier les produits végétaux plutôt qu'animaux est de loin la manière la plus efficace de réduire les gaz à effet de serre dans notre alimentation.

 

1 Poore, J. und Nemecek, P., 2018. 'Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers', Science.

2 Ipsos, 2021. Perils of Perception: Environmental Perils. 

3 Ritchie, H., 2020. 'You want to reduce the carbon footprint of your food? Focus on what you eat, not whether your food is local', Our World in Data.

4 Sandström, V. et al., 2018. 'The role of trade in the greenhouse gas footprints of EU diets', Global Food Security.

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