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27.10.2023 | Amandine

La prochaine « Journée du lait à la pause » aura lieu le mardi 31 octobre 2023. Comme chaque année à cette occasion, le lait sera présenté comme une « collation saine » aux élèves des écoles suisses. Il s'agit là d'une action publicitaire purement commerciale, sponsorisée par Swissmilk et soutenue gratuitement par nos écoles.

Une fois par an, le lobby du lait de vache fait de la publicité dans les écoles de Suisse pour un lait présenté comme « sain » et « naturel ». Au total, plus de 325 000 élèves à travers le pays se verront proposer des boissons au lait de vache, ce qui doit les encourager à consommer davantage de produits laitiers. Selon Swissmilk, l'objectif de cette campagne publicitaire est de sensibiliser les écoliers à des thèmes tels que la santé, le plaisir et la durabilité. Mais dans quelle mesure le lait de vache est-il vraiment sain, naturel et durable ?

Des os forts grâce au lait de vache ?

Dans le cadre de cette campagne, Swissmilk présente le lait comme « une collation pratique, riche en vitamines et en calcium » et souligne l'importance d'une alimentation saine pour les enfants.

« Ils devraient consommer chaque jour trois produits laitiers, par exemple un verre de lait, un yogourt et un morceau de fromage. Cela vaut d'ailleurs pour les adultes également. »1

Mais le lait est-il vraiment aussi sain et bon pour les os que ce que l'on veut nous faire croire ? Au contraire : l'ostéoporose (perte osseuse) est plus répandue dans les pays où l'on consomme le plus de lait, comme la Suisse. Une consommation élevée de lait est également associée à des maladies telles que les maladies cardio-vasculaires, le cancer et le diabète.2

De plus, pendant la Journée du lait à la pause, on ne sert pas seulement du lait de vache pur, mais aussi du lait sucré aromatisé à la fraise ou au chocolat. Or, une consommation élevée de sucre est en contradiction directe avec une alimentation saine et équilibrée, en particulier pour les enfants.

Le lait végétal, un concurrent de taille

Qu'en est-il des alternatives végétales au lait ? Peuvent-elles être servies lors de la Journée du lait à la pause ? Swissmilk s'est exprimée sur ce point : dans cette campagne, les alternatives végétales ne sont pas tolérées. Toute action impliquant la distribution de boissons végétales doit être immédiatement signalée. Il est donc clair que Swissmilk n'a nullement l'intention de promouvoir une alimentation saine, car une alimentation saine est également possible sans lait de vache ni aucun produit d'origine animale.

Il existe une large variété de boissons végétales, qui présentent toutes des profils nutritionnels différents. En principe, le lait végétal n'a rien à envier au lait de vache. Le lait de soja est celui qui se rapproche le plus du profil nutritionnel du lait de vache – il contient même plus de protéines et offre plus d'avantages pour la santé.

Teneur en protéines du lait

 

Une étude récemment publiée par Agroscope conclut également que les alternatives végétales à base de soja, d'amandes et de noix de cajou sont de bonnes sources de minéraux et d'oligo-éléments. Elle ajoute toutefois que la plupart des boissons végétales « ne peuvent pas remplacer [le lait] de manière équivalente » et que « des mesures supplémentaires telles que la supplémentation en micronutriments sont nécessaires pour compenser les différences nutritionnelles ».3

Mais le lait de vache doit-il vraiment être remplacé ? En Suisse, la consommation moyenne de lait par personne ne s'élève qu'à 1,1 dl par jour – une quantité si faible qu'elle ne contribue guère à l'apport en nutriments.4 C'est d'ailleurs la raison des efforts publicitaires de Swissmilk : en Suisse, on ne consomme en moyenne « que » deux portions de lait (ou de produits laitiers) par jour au lieu de trois. Alors que les alternatives végétales au lait sont de plus en plus appréciées,la consommation de lait de vache a enregistré une baisse considérable ces dernières années : en 2011, la consommation par habitant·e en Suisse s'élevait à près de 64 kg par an ; en 2021, elle a chuté à 47 kg. La consommation par habitant·e a donc baissé de 42 % en 10 ans.6

Consommation de lait de vache par habitant·e

Pas une partie de plaisir pour les vaches

La publicité pour le lait présente l'image d'une vache suisse heureuse. Pourtant, les vaches laitières subissent le calvaire au quotidien – mais cette réalité est peu connue du grand public. D'après une enquête menée par Proviande, moins d'une personne sur deux sait qu'une vache doit donner naissance à un veau pour pouvoir produire du lait.7 On peut donc supposer que la plupart des gens n'ont pas conscience des tristes conditions de vie des vaches laitières. Pour produire constamment du lait, les vaches sont régulièrement inséminées artificiellement et passent ainsi une grande partie de leur vie en gestation. Elles sont séparées de leurs veaux immédiatement après la naissance : s'il s'agit d'un mâle, il est tout de suite envoyé à l'abattoir. Contrairement à l'image véhiculée par la publicité, la vie d'un animal « de rente » en Suisse est loin d'être idyllique.

Ni sain, ni naturel, ni durable

La consommation de lait est tout sauf naturelle, saine et durable. C'est pourquoi de plus en plus de personnes se tournent vers des alternatives végétales, tandis que la consommation de lait de vache est à la baisse. Les efforts publicitaires tels que la Journée du lait à la pause ne sont qu'une tentative de Swissmilk pour contrecarrer cette tendance.

1. Swissmilk (2023). Journée du lait à la pause.

2. Willett, W. C. & Ludwig, D. S. (2020). Milk and Health. The New England Journal of Medicine, 382(7), 644–654. (en anglais)

3. Burton-Pimentel, K. J., & Barbara Walther, B. (2023). Boissons à base de plantes: une alternative au lait? Recherche Agronomique Suisse 14, 214-228.

4. Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). (2017). Consommation alimentaire en Suisse. Fiche thématique - Consommation de lait et de produits laitiers.

5. Office fédéral de l'agriculture (OFAG). (2022). Demande accrue de succédanés du lait

6. Statista. (2023). Pro-Kopf-Konsum von Milch in der Schweiz in den Jahren 2000/02 bis 2021.  (en allemand)

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