Aller au contenu principal
22.06.2022 | Amandine

Ce que nous mangeons a une grande influence non seulement sur le climat, mais aussi sur la biodiversité mondiale – c'est ce que démontre une étude récente du WWF, qui calcule pour la première fois l'empreinte biodiversité de différents régimes alimentaires. Les résultats montrent que l'alimentation à base de plantes est de loin la moins néfaste pour la biodiversité animale et végétale.

L'empreinte carbone de notre alimentation fait désormais l'objet de nombreux articles et les aliments d'origine animale, en particulier, sont de plus en plus souvent critiqués en raison de leur mauvais bilan climatique. Mais peu de gens savent qu'en plus de porter atteinte au climat, la viande, le poisson, etc. nuisent aussi à la biodiversité dans le monde entier. Selon le Conseil mondial de la biodiversité (IPBES), près d'un million d'espèces animales et végétales pourraient disparaître en quelques décennies, ceci principalement en raison de notre système alimentaire. En effet, on estime que notre alimentation est responsable d'environ 70 % de la perte de biodiversité sur terre, contre 50 % dans les rivières et les lacs. Dans une nouvelle étude, le WWF a calculé l'influence des différents régimes alimentaires sur cette détérioration. La part de loin la plus importante de cette « empreinte biodiversité » est imputable aux produits d'origine animale (77 %).

La nourriture pour animaux a la plus grosse empreinte écologique

L'étude du WWF se base sur le régime alimentaire moyen de la population allemande. Pour calculer l'empreinte biodiversité, la surface nécessaire à la culture de différents aliments ainsi que la durée, le type et l'intensité de leur utilisation ont été pris en compte. La valeur écologique de la zone de culture a également été prise en considération. Les résultats montrent que la viande représente une charge énorme pour la biodiversité : elle est responsable à elle seule de 58 %, soit de loin la plus grande part, de l'empreinte biodiversité du régime alimentaire allemand moyen. Les autres aliments d'origine animale, comme les produits laitiers et les œufs, représentent 19 % supplémentaires, tandis que les aliments d'origine végétale, comme les fruits, les légumes, les céréales ou les noix, ne représentent au total que 23 %.

L'empreinte colossale des produits d'origine animale est principalement due à la surface considérable nécessaire à la production du fourrage. Selon l'étude, la culture du soja destiné à l'alimentation animale est à elle seule responsable de près d'un tiers de l'empreinte biodiversité totale (29 %). Cela s'explique car, d'une part, la culture du soja requiert des surfaces très importantes et, d'autre part, car il est surtout cultivé dans des régions à haute valeur écologique comme l'Amazonie ou le Cerrado, qui présentent une biodiversité supérieure à la moyenne. Le blé et le maïs, autres sources importantes de matière fourragère, constituent respectivement 15 % et 12 % de l'empreinte. Contrairement au soja, il s'agit de céréales généralement cultivées en Europe, et donc dans des régions qui sont certes considérées comme moins diversifiées sur le plan écologique, mais dont la surexploitation a un impact direct sur la biodiversité de notre propre espace vital.

L'alimentation végétale protège la biodiversité mondiale

Selon la commission allemande pour l'avenir de l'agriculture, il est « tout bonnement impossible » de maintenir un système autant néfaste pour la nature – ceci non seulement « pour des raisons d'écologie et d'éthique animale, mais aussi pour des raisons économiques ». Il faudrait plutôt réduire drastiquement la consommation de produits animaux et augmenter celle de fruits et légumes, de légumineuses et de noix. L'objectif, d'après la commission EAT-Lancet, serait que les besoins mondiaux en protéines soient principalement couverts par des aliments d'origine végétale.

Mais dans quelle mesure une transition vers une alimentation plus végétale peut-elle améliorer notre empreinte biodiversité ? Selon le WWF, l'incidence sur la biodiversité est réduite de 49 % dans le cadre d'un régime végétalien contre 46 % dans le cadre d'un régime végétarien. Une alimentation « flexitarienne écologique », c'est-à-dire une forte diminution de la consommation de viande associée à une baisse de la consommation de produits laitiers, assure déjà une réduction de 18 %. Une évolution de notre mode d'alimentation serait bénéfique aussi bien pour les zones de culture régionales européennes que pour les États-Unis et l'Amérique du Sud. Les écosystèmes brésiliens en profiteraient particulièrement : une réduction de la culture du soja pourrait faire baisser de 92 % l'empreinte biodiversité du pays causée par le mode d'alimentation européen. En outre, l'empreinte biodiversité locale aussi pourrait diminuer, par exemple de 63 % pour l'Allemagne. Un changement de régime alimentaire profiterait donc autant aux abeilles et aux papillons de nos jardins qu'aux jaguars du Brésil.

Labels de durabilité et directives de consommation pour les aliments d'origine animale ?

Les résultats de cette nouvelle étude soulignent une fois de plus la nécessité de repenser notre système alimentaire. Ils démontrent d'une part que tout le monde peut contribuer à la protection de la biodiversité – et du climat – en optant pour des aliments végétaux plutôt que pour des produits animaux. D'autre part, ils soulignent la nécessité d'une intervention politique pour favoriser une évolution sociétale globale. Le rapport du WWF considère par exemple que des objectifs concrets en matière de consommation de produits animaux et un approvisionnement suffisant en protéines végétales sont des mesures politiques indispensables. Il mentionne également des mesures économiques telles que les taxes d'incitation, les labels de durabilité sur les produits alimentaires ou l'impôt sur la durabilité comme des solutions envisageables pour accélérer le changement des habitudes de consommation. Une chose est sûre : tant que notre façon de manger ne tiendra pas compte des limites naturelles de notre environnement, le nombre d'animaux – et de plantes – voués à disparaître à cause de notre alimentation dépassera de loin le nombre d'animaux qui finiront dans nos assiettes.

 

Plus d'informations :

Ce que vous voyez vous plait-il ?

Soutenez-nous

Spenden
Mitglied werden
Soutenir la protection des animaux