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Les limites de la tolérance

Les personnes intolérantes ne sont pas populaires. En général, on ne se vante pas de l'être. Les végétariens s'attendent à être accueillis avec tolérance partout et il en va de même pour les non végétariens. Suffirait-il donc que tout le monde fasse preuve de tolérance envers autrui pour que tout aille pour le mieux ?

Une tolérance absolue ?

Les revendications publiques pour davantage de tolérance, occultent généralement le fait que personne ne saurait préconiser une tolérance absolue dans tous les domaines.
Les meurtres et les viols ne sont heureusement pas tolérés dans les pays civilisés. D'ailleurs, une personne qui rejette le viol n'est pas considérée comme intolérante. Il y a donc des domaines dans lesquels l'intolérance non seulement n'est pas considérée comme un trait de caractère négatif, mais est au contraire attendue. Quand une personne est-elle donc considérée comme intolérante et à quel moment considère-t-on simplement qu'elle défend son point de vue de manière cohérente ? Où se situe la limite entre « intolérance obstinée » et le fait de défendre strictement son point de vue ? Apparemment, on ne définit pas une personne tolérante comme quelqu'un d'ouvert à tout sans aucune restriction. En effet, une personne tolérant absolument tout serait totalement indifférente à ce qui l'entoure.

Les exemples extrêmes de meurtre et de viol montrent bien de quelle nature sont les actes non tolérés par la société : ils infligent des blessures très graves voire la mort. Cependant, l'injonction de « tolérance zéro » s'applique de plus en plus, même pour des cas moins flagrants, comme le dopage dans le sport ou l'alcool au volant. On constate toutefois, que les avis sont moins tranchés sur ces points. Il semble donc qu'il existe une zone grise dans laquelle il est plus difficile de déterminer si un rejet peut être qualifié comme relevant de l'intolérance.

La tolérance à l'égard des végétariens

Qu'en est-il de la tolérance entre les non végétariens et les végétariens ?
Partons du point de vue des végétariens : peuvent-ils raisonnablement exiger de la part des non végétariens qu'ils fassent preuve de tolérance à leur égard ? Étant donné que les végétariens ne font de mal à personne en s'abstenant de consommer des carcasses d'animaux, il serait clairement intolérant de la part des non végétariens de les rejeter.

La tolérance à l'égard des non végétariens

Dans le cas inverse, les choses sont radicalement différentes : exiger d'un végétarien qu'il tolère la consommation d'animaux morts, revient à attendre de lui qu'il accepte qu'un être vivant capable de souffrir soit tué très jeune pour servir de nourriture. Il devrait en outre accepter que le reste de la société fasse abstraction de la destruction de l'environnement et du changement climatique au profit de son propre plaisir. En outre, le prolongement de la chaîne alimentaire entraîne le gaspillage d'une quantité énorme de nourriture pour le plaisir d'un seul individu. Réclamer la tolérance face à ces effets négatifs qui touchent tous les domaines de la vie signifie que l'on n'est pas prêts à affronter les véritables conséquences de la consommation de viande.

Cela ne veut évidemment pas dire qu'il faille mépriser les personnes qui mangent de la viande, puisqu'après tout, la plupart des végétariens le sont devenu au fil du temps. Il est possible de condamner radicalement un acte sans pour autant fustiger auteur. Les actes intolérables commis par ignorance et manque d'information neutre ou parce qu'ils ont été induits par la publicité et la propagande sont légion.

En parvenant à rejeter l'acte sans condamner l'auteur on peut espérer empêcher qu'il commette d'autres actes similaires à l'avenir.
Bien sûr, cela requiert un effort. Tout végétarien bien informé sait à quel point les conséquences de la consommation régulière de viande sont délétères pour l'environnement, les animaux et les humains. Sachant cela, il est difficile d'accepter que certaines personnes accordent moins d'importance à tous ces effets combinés qu'à leur bref plaisir gustatif. Dans ce contexte, il peut être utile de se rappeler que l'on a soi-même mangé des animaux par le passé alors que l'on disposait de bien moins d'informations sur le sujet.

Plutôt que de condamner autrui, il vaut souvent mieux rendre les gens attentifs aux conséquences de leurs actes. Faisons donc preuve de tolérance envers les personnes, mais soyons intransigeants face aux actes nuisibles.

Renato Pichler

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