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Vitamine B12

Le Dr Laurence Froidevaux, spécialiste en nutrition végétale, répond en détail à vos questions santé.

Question de Madame G.M. de Berne


Qu'en est-il de la vitamine B12 qui serait apparemment absente dans l'alimentation végane ? Il me semble peu naturel de devoir prendre un supplément de vitamine.

 

Merci pour votre question, qui est tout à fait légitime et intéresse un grand nombre de personnes. Tout d'abord, j'aimerais commencer par vous demander ce qu'est un style de vie naturel… aujourd'hui, nous vivons dans un monde où l'on parcourt des dizaines, voire des centaines de kilomètres par jour, nous nous déplaçons à très grande vitesse sur terre et dans les airs, nous pouvons aller en vacances à l'autre bout du monde, nous avons des horaires fixes, été comme hiver, nous avons l'utilisation courante d'antibiotiques, d'anti-inflammatoires et de bien d'autres médicaments, nous pouvons remplacer des articulations arthrosées par des prothèses, nous avons l'eau courante, propre et chaude si on le désire, nous vivons dans des maisons étanches et chauffées ou rafraichies si besoin, nous avons des chaussures, des lunettes de soleil, et du déodorant, nous pouvons manger des mangues et des bananes en Suisse, toute l'année, etc…  j'imagine que vous voyez où je veux en venir. Je ne pense pas qu'aujourd'hui, en Suisse, il y ait beaucoup de gens qui vivent un style de vie que l'on pourrait appeler naturel. 

La question maintenant devient celle de la carence potentielle chez l'omnivore et/ou le végétalien: selon les statistiques qui varient un peu d'une étude à l'autre, il est clair que les végétaliens et les personnes âgées sont plus à risque que les autres.

La vitamine B12 est le produit d'une bactérie qui se trouve dans la terre et dans les intestins d'animaux. Nous en produisons d'ailleurs aussi dans le colon, mais elle n'est pas réabsorbée et donc éliminée avec les selles. Nos besoins en vitamine B12 sont minimes (2-5 µg/jour), mais très importants car les carences peuvent causer l'anémie, des lésions du système nerveux et à long terme, elles sont aussi liées à des problèmes cardiovasculaires. Les symptômes préexistants sont: la fatigue, les engourdissements ou fourmillements des membres, la diminution de sensation de douleur ou pression, les troubles visuels, la langue douloureuse, une posture et marche anormale.

Aujourd'hui, selon les spécialistes de la question B12, l'apport le plus sûr est celui du supplément ou de l'aliment fortifié. D'une part, si on évite les sources animales, on évite les acides gras saturés, le cholestérol, les protéines animales nocives, les hormones, les antibiotiques, etc., et d'autre part, on obtient une source sûre, de bonne qualité. Il faut aussi noter qu'aujourd'hui l'alimentation du bétail est  supplémentée au même titre que la nôtre (donc pas très « naturel » non plus), probablement car nous vivons dans un monde tellement hygiénique que les microorganismes qui devraient produire la vitamine B12 sont éliminés de nos assiettes (et de celles des animaux) par notre environnement stérile. A l'époque, il est bien possible que lorsque l'on buvait l'eau d'une source et qu'on mangeait des légumes sortis de terre, on ingérait de petites quantités de bactéries, donc de B12 aussi. C'est d'ailleurs comme ça que nos cousins primates herbivores obtiennent leur B12 dans la nature: par les insectes, la terre, l'eau, et même leurs excréments. Il y a d'ailleurs une étude qui avait été faite par le Dr Callender1 dans les années '50, dans laquelle elle a sélectionné des volontaires végétariens en carence de B12,  leur avait fait récolter leurs excréments et en manger une partie. Chaque sujet fut guéri de sa carence! Pour ceux qui veulent vraiment rester au plus naturel, c'est peut-être une solution (mais attention car il y a aussi des bactéries dangereuses dans les selles… là encore, le supplément reste la source la plus sûre).

Donc, pour la pratique, nous avons besoin de 2-5 µg/jour de vitamine B12, et souvent les suppléments offrent un apport de 500 à 1000 µg par pastille, il n'est donc pas nécessaire d'en prendre tous les jours. Il faut aussi prendre en compte qu'il y a des aliments fortifiés en B12,  comme certaines céréales et laits végétaux, donc selon son alimentation, on peut aussi réduire le nombre de suppléments à prendre. 

Aujourd'hui, pour être en santé, on ne peut pas s'arrêter à l'individu. Notre façon de vivre doit refléter notre volonté de participer à la survie de la planète, et des êtres vivants qui la peuplent. Il n'y a rien de naturel à l'abomination des usines à animaux (et si 6 milliards de gens veulent des produits animaux, il n'y a aucune autre alternative possible à ces usines). Nous devons nous adapter à notre époque et faire au mieux pour diminuer notre impact sur l’environnement, tout en utilisant un moyen fiable et sûr pour obtenir cette vitamine B12; sans cruauté, sans souffrance et sans dégât écologique. Le supplément reste donc le meilleur apport, autant pour notre santé que pour celle de la planète.

Dr. Laurence Froidevaux, 
Spécialiste en nutrition végétale (Plant Based Nutrition)

Si vous avez des questions de santé en rapport avec le végétarisme, vous pouvez les adresser au Dr Laurence Froidevaux à l'adresse : 
sante@swissveg.ch

 

 

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